Il y a deux musiques. La première, la course vers un but, la conquête, l’assaut. La seconde, le but atteint, la joie de l’accomplissement. Voilà ce que je comprends en entrant dans le hall du théâtre. C’est peut-être ce que disaient les deux musiciennes avec leur violon. Je les ai croisées là-bas, à la lisière Nord du parc, se relayant face aux hauts murs de pierre de la ville.
Maintenant je cherche un billet dans ce théâtre de New York. En vain, c’est complet, on refuse du monde. Comme l’explique un jeune type également bredouille, ce n’est pas étonnant, vu la distribution. Pourtant une petite bonne femme revend des billets. Elle parle anglais avec un tel accent que je lui demande si elle est française. Non. Sèchement, sans lever les yeux. Que la transaction se fasse ! et vite ! Il y a deux places. J’interpelle mon nouvel ami pour qu’il profite de l’aubaine. Nous sommes séparés mais peu importe. Dans la salle déjà plongée dans la pénombre, je vois la foule obscure pressée sur les gradins. Ils sont entourés à hauteur d’appui d’une paroi de planches, peinte vert épinard.
P se penche vers moi. Il dit qu’il veut partir. Mais je m’obstine. Je connais quelqu’un parmi les interprètes. Pourtant le spectacle est fini. Il se délite. Sur scène, les échanges se transforment en transactions d’arrière-cuisine. On partage des restes de nourriture.