Le vent souffle du nord. La nuit a été froide. Dans notre chambre, sur le parquet, sous le lit, sur les vitres, on trouve des plaques de glace, très blanches, légères, couvertes d’aigrettes de givre. Je les recueille dans un bassin en métal brillant. Je veux les apporter au savant qui loge de l’autre côté du couloir. Mais sa chambre donne au sud, la différence de température suffit pour que la glace s’évapore. Va-t-il nous croire ? Oui car il reste au fond une dernière plaque translucide sous le givre qui a fondu. Il la prend entre ses doigts.
Je me retiens pour ne pas citer les derniers mots de la chanson de Bilitis : « il prenait de grands morceaux froids et les soulevant vers le ciel pâle, il regardait au travers » ; qui sont une reprise, sauf le sens, des grappes de raisin sucées par le Faune.