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Mélie

— Mélie ! es-tu là, Mélie ?
Une jeune fille parut, sur son commandement alla « tirer de la boisson », et revint près de la table servir ces messieurs.
Ses bandeaux, de la couleur des blés, dépassaient un béguin de toile grise. Tous ses pauvres vêtements descendaient le long de son corps sans un pli et, le nez droit, les yeux bleus, elle avait quelque chose de délicat, de champêtre et d'ingénu.

Mélie, quand elle eut lavé ses mains, prit sur le bord de la fenêtre son métier à dentelles, s'assit en pleine lumière, et travailla.
Le linteau de la porte l'encadrait. Les fuseaux se débrouillaient sous ses doigts avec un claquement de castagnettes. Son profil restait penché.

Mélie, dans la cour, tirait de l'eau.
La pompe en bois avait un long levier. Pour le faire descendre, elle courbait les reins, et on voyait alors ses bas bleus jusqu'à la hauteur de son mollet. Puis, d'un geste rapide, elle levait son bras droit, tandis qu'elle tournait un peu la tête (...).

Mélie travaillait sur un guéridon, près de la fenêtre, à la clarté d'une chandelle ; de temps à autre, elle cassait son fil avec les dents, puis clignait des yeux, pour l'ajuster dans la fente de l'aiguille.

 

(Flaubert, Bouvard et Pécuchet)

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