(Deuxième concerto de Prokofiev : les tailles sont à rebours ; le pianiste est plus grand que son piano qui déborde l’orchestre (le premier en gros plan, les deux autres éloignés par la perspective fausse, échelonnés derrière.) Dans la fameuse cadence du premier mouvement, le soliste a réduit le monde au mutisme ; il a terrassé son instrument et, de toute son envergure, lui a mis les deux épaules à terre. Il fouille ses entrailles, le clavier, la caisse et le chaudron des cordes ; il en extrait les blocs sonores qu’il entasse ici et là, sans ordre apparent, cimentés par les grands mouvements alternatifs de ses mains fondatrices. A la toute fin seulement, un travelling arrière révèlera l’énorme construction, l’arche monumentale sous laquelle l’orchestre va passer, sonnant de la trompe.)