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Ligeti, Manoury, Mahler

Salle Pleyel.

(Lontano de Ligeti. Autant certaines pièces de Webern font penser à des symphonies de Mahler épurées et réduites à leurs couleurs et à leurs accents essentiels, autant ici on songe à une transmutation menée sur quelque mouvement de Bruckner. Mais l'opération en cause alors n'est pas une synthèse mais plutôt une sorte de grossissement ; comme une peinture observée de tout près, les grands traits de l'image sont perdus mais la texture se révèle et, dans la vision rapprochée, le grain de la couleur apparaît, cuivres et cordes  : deux touches juxtaposées, l'une sourde, l'autre limpide.  Ou bien : le cristal de l'oeuvre a subi une rotation, non pas dans l'espace mais dans le temps, et se présente désormais par la tranche, en raccourci ; les lignes ne sont plus allongées selon la pente de la durée mais apparaissent obliques, resserrées, et se chevauchent : renfermant, dans l'entrelacement, sa lumière particulière.  Ou mieux, selon Ligeti, cité dans le programme :)

Une entrée soudaine des cors après un tutti éveille en nous, spontanément, sinon une association directe, du moins une allusion à certains éléments du postromantisme. Je pense ici avant tout à Bruckner et Mahler, mais aussi à Wagner. Notamment à un passage de Huitième symphonie de Bruckner, dans la coda du mouvement lent, où, dans un profond silence et une grande douceur, les quatre cors jouent subitement un passage qui sonne comme une citation de Schubert, mais vue par Bruckner. J'aimerais préciser qu'à l'éloignement spatial s'ajoute ici de plus l'éloignement temporel, c'est-à-dire que nous ne pouvons saisir l'oeuvre qu'à travers notre tradition, qu'à l'intérieur d'une certaine formation musicale.

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