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The horror

Germanicus franchit les frontières de l’empire et, pénétrant en territoire ennemi, s’approche de l’endroit où ont été vaincues quelques années auparavant les légions de Varus (cette bataille n’entre pas dans la période couverte par les Annales, son évocation est seulement rétrospective).

Les Bructères mettaient en cendres leur propre pays. L. Stertinius, envoyé par César (Germanicus) avec une troupe légèrement équipée, les battit ; et, en continuant de tuer et de piller, il retrouva l'aigle de la dix-neuvième légion, perdue avec Varus. Ensuite l'armée s'avança jusqu'aux dernières limites des Bructères, et tout fut ravagé entre l'Ems et la Lippe, non loin de la forêt de Teutbourg, où, disait-on, gisaient sans sépulture les restes de Varus et de ses légions.

César éprouva le désir de rendre les derniers honneurs au chef et aux soldats ; et tous les guerriers présents furent saisis d'une émotion douloureuse en songeant à leurs proches, à leurs amis, aux chances de la guerre et à la destinée des humains. Caecina est envoyé en avant pour sonder les profondeurs de la forêt, et construire des ponts ou des chaussées sur les marécages et les terrains d'une solidité trompeuse ; puis l'on pénètre dans ces lieux pleins d'images sinistres et de lugubres souvenirs. Le premier camp de Varus, à sa vaste enceinte, aux dimensions de sa place d'armes, annonçait l'ouvrage de trois légions. Plus loin un retranchement à demi ruiné, un fossé peu profond, indiquaient l'endroit où s'étaient ralliés leurs faibles débris. Au milieu de la plaine, des ossements blanchis ; épars ou amoncelés, suivant qu'on avait fui ou combattu, jonchaient la terre pêle-mêle avec des membres de chevaux et des armes brisées. Des têtes humaines pendaient au tronc des arbres ; et l'on voyait, dans les bois voisins, les autels barbares où furent immolés les tribuns et les principaux centurions. Quelques soldats échappés à ce carnage ou qui depuis avaient brisé leurs fers, montraient la place où périrent les lieutenants, où les aigles furent enlevées. (…)

Ainsi les soldats présents sur le théâtre du désastre recueillaient, après six ans, les ossements de trois légions (…).

(Tacite, Annales I, 60-62. Trad. Burnouf)

(On pourrait appeler tout ce  passage le Heart of Darkness de l’Antiquité).

Commentaires

  • tiens, je n'avais pas le souvenir d'une affreuse boucherie dans la pièce de Kleist sur Arminius....

  • le point de vue allemand, sans doute...

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