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Mahler

Sixième de Mahler, au théâtre du Châtelet.

(Les fameux coups de marteau du finale : l’instrument n’en est pas un, un maillet contre une planche, et le coup outrepasse l’orchestre. Ils ponctuent certes les grandes oscillations du balancier musical mais ils semblent alors non pas sortir de la masse sonore mais y entrer, s’y imprimer. Chaque coup affole l’orchestre comme un fouet (et le troisième, celui qui fut supprimé, mille fois plus fort, à peu de temps, l’abat). Les harpes craquent, les cordes soufflent sans voir, les cloches des troupeaux passent nocturnement en coulisse. L’orchestre titube comme un géant. Mais un sursaut, un assaut rassemblent ses forces, les portent jusqu’à la plus grande affirmation. Alors le coup tombe : qu’il soit foudre divine, châtiment de tout orgueil, ou le signe physique de la mort, simple ponctuation du non-être – la troisième fois, la musique finit, ayant bu la goutte de néant qui manque à la mer.)

Commentaires

  • Ce billet sur Malher m'a conduit (Merci ) à Igitur ("ce conte s'adresse à l' Intelligence du lecteur qui met les choses en scène , elle-même") .
    Et aussi à ces phrases :
    1-" Comme le dit Mallarmé , le poète crée après avoir bu la goutte de néant qui manque à la mer " .
    2- "Mallarmé avalant sa langue pour devenir la goutte de néant qui manque à la mer (Ph. Muray )

  • Ph Murray fait-il allusion à la mort de Mallarmé ? le poète a succombé a un "spasme de la glotte" mais cela n'est pas la même chose qu'avaler sa langue.

  • J'ai trouvé cette phrase de Muray dans l'extrait suivant de son "Le XIXe siècle à travers les âges" (Tel, Gallimard - 1984 ) :
    "Il me semble d'ailleurs que certains écrivains avaient dès longtemps senti le vent et tenté de prendre une longueur d'avance, piquer un sprint prévisionnel, battre les spectres sur le cendron de leur propre piste. Peut-être est-ce la raison pour laquelle quelques-uns très grands, très lucides, prirent cet air de leur vivant, cette allure de morts au monde? Cette ironie de derrière les choses, derrière le stade à simulacres et la course perdue d'avance? Kafka replié sous son humour et ses livres qu'il voulait qu'on brûle. Mallarmé avalant sa langue pour devenir la goutte de néant qui manquait à l'océan. Proust dissous dans les fumigations. Rimbaud qu'on perd de vue tout de suite. Céline passant de l'autre côté du roulement à billes de ses trois points. Artaud pourchassant ses propres suppôts fornicateurs. Et Baudelaire... Mais j'y reviendrai. Et d'autres qui n'étaient pas écrivains mais qui firent eux aussi, toujours, d'étranges mémoires d'outre-tombe. "Il est meilleur que je sois comme n'étant pas", murmurait Van Gogh. Voilà. La vie semble liquidée, nous sommes ces survivants démodés."

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