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Comme c'était la mode

Ce même automne, les fils de Thorbrandr dirent à Egill, leur esclave, que s'il voulait sa liberté, il fallait qu'il aille au jeu de balle, tuer quelqu'un des gens de Breidavik, Björn, Thordr ou Arnbjörn, d'une manière ou d'une autre.

(On conseille à Egill d'attendre le soir et la fumée des feux pour se glisser dans la halle et, sans se faire voir, frapper sa victime. L'esclave obéit, se rend sur les lieux où sont rassemblés les adversaires, se cache toute la journée puis approche quand l'obscurité se fait.)

Les feux se mirent à brûler fort et la halle s'emplit de fumée. Egill s'y rendit. Il s'était fort ankylosé dans la passe. Il avait des lacets de chaussures à glands, comme c'était la mode. L'un de ses lacets s'était dénoué et le gland traînait.
L'esclave entra dans le vestibule. Quand il pénétra dans la salle commune, il voulut avancer sans bruit parce qu'il vit que Björn et Thordr étaient assis près du feu. Egill entendait s'affranchir pour toute sa vie dans un petit moment.  Mais quand il voulut passer le seuil, il marcha sur le gland du lacet qui traînait ; et quand il voulut lever l'autre pied, le gland fut pris, le fit trébucher et il tomba vers l'intérieur sur le plancher. Il y eut un vacarme aussi grand que si un quartier de boeuf écorché avait été jeté sur le plancher.

(La comparaison donne une indication du sort qui attend Egill, en guise d'affranchissement).

(Saga de Snorri le Godi, trad. R Boyer)

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