C'était au cours des jours où Philippe assiégeait Thèbes que les Romains avaient été battus par Hannibal en Etrurie [A Trasimène, en juin -217], mais la nouvelle de leur défaite n'était pas encore parvenue en Grèce. (...)
(Philippe V de Macédoine) était depuis peu arrivé à Némée et assistait aux épreuves d'athlétisme quand un courrier de Macédoine vint l'informer que les Romains avaient été vaincus dans une grande bataille et qu'Hannibal était maître du plat pays. Sur le moment, il ne montra la lettre qu'à Démétrios de Pharos, non sans lui recommander le silence. Le Pharien alors saisit la chance qui s'offrait à lui : il pressa le roi de se débarrasser au plus vite de la guerre contre les Aitoliens, pour consacrer ses soins aux affaires d'Illyrie et à des préparatifs de débarquement en Italie. Par toute la Grèce, lui assura-t-il, on était maintenant disposé à lui obéir et le resterait à l'avenir, puisque les Achaiens lui étaient, de leur plein gré, attachés, tandis que les Aitoliens, après ce qui leur était arrivé au cours de la guerre, étaient tout à fait démoralisés. Le débarquement en Italie serait, dit-il, un premier pas vers la conquête du monde, entreprise pour laquelle Philippe était plus qualifié que quiconque. Les Romains étaient abattus, c'était maintenant pour lui l'occasion ou jamais.
(Polybe, Histoire V, 3 - trad. D Roussel).