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Souvenir de Ferrare

Immortalisée par Giuseppe Carducci et par Gabrielle D'Annunzio, cette rue de Ferrare est si connue des amoureux de l'art et de la poésie du monde entier que toute description en est superflue. Nous sommes, comme on le sait, exactement au coeur de cette partie nord de la ville qui fut ajoutée sous la Renaissance à l'exigu bourg médiéval et qui, précisément à cause de cela, s'appelle l'Addizione Erculea. Vaste, droit comme une épée depuis le château jusqu'au rempart, bordé sur toutes sa longueur par les brunes masses de demeures patriciennes, avec sa lointaine et sublime toile de fond de rouge brique, de vert végétal et de ciel, qui semble vraiment conduire à l'infini : le Corso Ercole I d'Este (...).
(Bassani - Le Jardin des Finzi-Contini, trad. M Arnaud)

 Une épée, en effet, mais la pointe est dans les arbres : les moyens ont manqué pour bâtir la rue neuve sur toute sa longueur (la ville nouvelle est pleine de vide) et l'extrémité est plantée de peupliers qui terminent la perspective, comme au théâtre une toile peinte continue le décor selon les lignes de fuite (et un comédien va heurter là-bas la paroi ou les nuages peints ; les pierres et le ciel tremblent comme le feuillage sous le vent) ; ou bien, la suite des palais et des arbres représentent Apollon et Daphné et le point de rencontre dans l'éloignement figure le moment où le dieu rejoint la nymphe et l'étreignant la perd.

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