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Les Buddenbrook

Relu les Buddenbrook. L'autre fois, c'était il y a vingt ans : le seul souvenir précis que j'en avais gardé s'est révélé faux. Je n'y ai donc pas retrouvé ceci : par dureté de coeur, un personnage refuse d'aider des parents qu'un malheur vient de frapper. Les conséquences sont désastreuses pour eux. Le personnage en question n'en sort ni blâmé ni particulièrement honteux mais, dans le cours du roman, à chaque fois qu'il apparaît, on l'entend répéter à tout propos : "je ne suis pas un monstre". (Cela rappelle justement la façon dont Mann compose ses personnages : le plus souvent, ils sont accompagnés, telle une épithète, d'un court motif qui retentit à presque chacune de leur apparition. Il peut s'agir d'un trait physique, les yeux cernés et rapprochés de Gerda, ou bien d'une phrase, le "alors je n'étais qu'une sotte" de la Tante Antonie. Dans le premier cas, le caractère est inné ; dans le second, il est acquis et renvoit à un épisode du roman).

(Le roman est la chronique, sur un bon demi-siècle, d'une famille de riches négociants mais c'est aussi le roman d'un jeune homme tourné vers son bref passé : et la courbe du récit, la déchéance d'une famille, figure d'une certaine façon le congé donné au monde de l'enfance. Les grands personnages de ce monde-là, ce sont les grands-parents, les oncles et tantes, les cousins ou les fréquentations des parents. Il n'est d'autres histoires que leur histoire, c'est à dire les anecdotes qu'on raconte à leur propos ; les grands événements sont d'abord les repas de famille, Noël ou les vacances au bord de la mer.  Le cercle centré sur la famille  est un petit univers mais il représente pour l'enfant une extension considérable de sa propre expérience et prend un temps pour lui une importance extraordinaire. Puis l'enfant grandit ; ce monde-là s'éloigne et s'amenuise.) 

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