The Mortal Storm, de Frank Borzage.
La journée est finie, la nuit est tombée. Le Professeur Roth est seul dans l’amphithéâtre. Un peu plus tôt, Roth et une partie de ses étudiants se sont violemment affrontés pendant la classe à propos du contenu des cours. Les opposants se sont levés, ont prononcé le boycott et le groupe ainsi déclaré a quitté les lieux. A présent tout est tranquille : Roth range son bureau comme on le fait chaque soir avant de rentrer chez soi ; tout aussi ordinairement, au moment de partir, il fait jouer l’interrupteur qui commande l’extinction des lampes. On voit alors, dans l’obscurité, vaciller, sur les hauts murs de la salle, des lueurs et des ombres. Elles reflètent à travers les grandes croisées les bûchers dressés dehors, où sont jetés, où brûlent les livres.
(Moments perdus, instants qui précèdent ou qui suivent, sans paroles et sans actes marqués, dont la banalité est contredite par le pressentiment ou l'intelligence de la catastrophe. C'est dans ces moments-là que vit l'humanité, qu'elle se révèle, et ceux qui ne peuvent en partager le sens sont des brutes.)