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The Spoils of Poynton (2)

En plus d’une occasion, dans le cours du roman, Mrs Gereth fait comprendre à son fils Owen, quelque fois fort brutalement, qu’elle souhaite le voir épouser sa protégée, Fleda Vetch. A cette condition, lui dit-elle, il pourra prendre possession des objets d’art (the spoils) que Mrs Gereth a patiemment collectionnés et dont elle refuse de se séparer bien que, depuis la mort de son mari, le fils en soit le propriétaire légal.

Le motif rappelle un autre chantage matrimonial dans une nouvelle du même auteur, The Aspern Papers: le narrateur en est un critique littéraire ; il poursuit une vieille femme autoritaire et avare qui a été la maîtresse, soixante ans plus tôt, d’un poète célèbre et qui garde sans doute en sa possession des lettres et des manuscrits qu’elle refuse de laisser voir. La vieille dame vit seule avec sa nièce dans un palais vénitien délabré. Tout le sel de l’histoire vient de l’espèce de cour que le narrateur fait à la plus jeune pour gagner la confiance de la vieille et, en retour, du marchandage qu’on finit par lui suggérer, à sa grande confusion (il est pris à son propre piège) : le mariage avec la nièce, Miss Tina, en échange des papiers.

Dans les deux récits, le mariage proposé ne se fait pas et le  trésor finit dans les flammes. Mais d’une histoire à l’autre, le point de vue a bien changé : Fleda Vetch, contrairement à Miss Tina, est le personnage central du roman et nous suivons le déroulement du drame selon la compréhension qu’elle en a ; en ce sens, elle se rapproche du narrateur des Aspern Papers (dont elle reprend un autre trait : la dévotion pour le trésor, au point que les mots sont presque les mêmes pour décrire le désespoir de l’un et de l’autre, quand celui-ci est détruit). Le ressort implicite de la nouvelle (la discordance entre les vues du narrateur et celles des deux femmes) devient, dans le roman, un problème trouble et indécidable. On connaît mal, dans celui-ci, les motivations d'Owen, le fils de Mrs Gereth (qui occupe une position équivalente à celle du narrateur des Aspern Papers). Les deux images contradictoires du comportement d’Owen (il est amoureux de Fleda ; il se sert de Fleda comme d’un moyen pour récupérer son bien) se superposent et  le dénouement ne permet pas au lecteur de choisir une hypothèse plutôt que l'autre. 

(Pour continuer le jeu d’échos, on pourrait s’amuser à remonter jusqu’à la Dame de Pique de Pouchkine dont les Aspern Papers semblent être une transposition  (je ne sais pas si cela est avéré ?) et chercher à deviner sous les traits de Fleda Vetch ceux de Lisabeta Ivanovna, dame de compagnie de la terrible Comtesse Anna Fedotovna.)

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