Aux confins de l’Ombrie, de la Toscane et des Marches, à Sansepolcro (patrie du peintre), à Monterchi, à Arezzo et à Urbin, on peut voir quelques-unes des œuvres de Piero della Francesca et ce petit nombre suffit à constituer une part importante de l’ensemble de celles qui ont survécu. A tort ou à raison s’établit, pour le visiteur, entre le peintre et le territoire un rapport semblable à celui qui lie Giovanni Bellini à Venise ou le Greco à Tolède : on croit retrouver dans la chose peinte la lumière ou le décor extérieurs, contigus, qui l’ont inspirée ; et inversement, et plus sûrement, la représentation (éclatante, spéciale) gagne sur l’image du pays traversé (les collines à l’approche d’Urbin sont blanches et vert sombre, les crêtes ravinées, comme dans le tableau ; et le paysage limpide de la Victoire de Constantin se surimpose à la haute vallée du Tibre, pays plat encombré de routes et de hangars, et à son fleuve asséché).