C’est ici la ville que j’habite. L’habitude l’a faite ni belle ni laide. Elle n’a rien d’étranger. Voilà pourquoi je suis heureux quand je découvre en chemin, au coin d’une rue que je ne connais pas, une vue qui rappelle l’Italie. Je m’arrête et considère. A ce croisement débouche une triste avenue rectiligne ; elle s’élève en suivant une pente lourdement cambrée. La bordent deux rangées d’immeubles roses d’une seule hauteur aux façades lisses. La chaussée est poussiéreuse ; des traces grises salissent le bas des maisons. Mais, surtout, presque au sommet de la colline un arc énorme rejoint les deux murs de brique et barre la rue. Il est fait de grosses pierres sans mortier ; les arrêtes antiques sont émoussés, les blocs s’ajointent selon des lignes profondément creusées, pleines d’ombre. Dans l’ouverture de l’arche, on voit le ciel et, à l’horizon, une crête escarpé, oblique. Je devine la côte rocheuse qui tombe à la mer.