Salle Pleyel. (un programme Mozart - Chostakovitch en retard des célébrations de l'année dernière, 1756-1906-2006 ?)
Discours sur l'état de la Russie, la treizième symphonie convoque une basse et un choeur qui semblent sortir de Boris Godounov pour mettre en scène, une fois encore, le peuple russe et son malheur. La musique porte le drame, avec son ambivalence : les tutti écrasants du premier mouvement et leur grandiloquence, faut-il les comprendre comme un cri de révolte, une dénonciation véhémente de la haine, ou comme une représentation du mal lui-même ? Après les sarcasmes du deuxième mouvement, l'atmosphère ne change pas mais la voix devient plus personnelle, annonçant la quatorzième symphonie (où les poème d'actualité d'Evtouchenko seront remplacés par des textes empruntés à la littérature universelle, donnés par deux chanteurs). Le jeu des timbres fait d'abord connaître la grisaille et l'amertume de la vie quotidienne puis le grondement de la peur (tuba et bourdonnement de timbales). Mais dans le finale, on entend une ritournelle narquoise : n'est-ce pas l'auteur lui-même ? il est perché dans son art, il échappe à ses persécuteurs, il règne dans sa propre lumière (une constellation : avec le célesta, les cloches, le motif du mouvement initial revient comme une citation.)