Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Un souvenir lointain

La première fois que je suis venu ici, ça devait être il y a plus de vingt-cinq ans. Je me rappelle avoir été fasciné par le paysage tout au bout du Grand Canal. Une pelouse en pente, au fond de la perspective, encadrée par des peupliers d'Italie, sous un horizon et un ciel aussi élémentaires qu'une toile peinte. Pour un enfant de huit ans, le Parc avait des proportions gigantesques comme si le canal s'étendait à travers des contrées inexplorées, cachées par les grands arbres, et se terminait dans une province étrange, très très loin, en même temps inconnue et visible. Il y avait un chemin d'ici à là-bas, au moins une ligne droite comme le regard au-dessus de l'eau. Et je comprenais déjà sans doute que l'extraordinaire de cette région ne venait pas de « caractéristiques ignorées de son sol, de son air ou de son organisation », mais simplement de la distance. Que j'aimais non pas le pays lointain, mais le pays dans l'éloignement. (Ce souvenir est peut-être une invention, rêvée plus tard, maintenant indiscernable, aussi éloignée dans le temps que cette région paraissait dans l'espace.)

Les commentaires sont fermés.