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Grand Hôtel

Hélas, le vent de la mer, une heure plus tard, dans la grande salle à manger, (...) il parut cruel à ma grand-mère de n'en pas sentir le souffle vivifiant à cause du châssis transparent mais clos qui, comme une vitrine, nous séparait de la plage tout en nous la laissant entièrement voir et dans lequel le ciel entrait si complètement que son azur avait l'air d'être de la couleur des fenêtres et ses nuages blancs un défaut du verre. Me persuadant que j'étais « assis sur le môle » ou au fond du boudoir dont parle Baudelaire, je me demandais si « son soleil rayonnant sur la mer » ce n'était pas – bien différent du rayon du soir, simple et superficiel comme un trait doré et tremblant – celui qui en ce moment brûlait la mer comme une topaze, la faisait fermenter, devenir blonde et laiteuse comme de la bière, écumante comme du lait, tandis que par moments s'y promenaient çà et là de grandes ombres bleues, que quelque dieu semblait s'amuser à déplacer, en bougeant un miroir dans le ciel.

(Il faisait nuit. Alors, c'est nous qui sommes le spectacle pour les passants dehors – et pour nous-mêmes : l'obscurité ayant posé son tain contre la vitre.)

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