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Boue et bottes

Un détail en forme de scène muette, à la fin d'un chapitre des Ames mortes :

Bientôt un grand calme se fit dans l'hôtel, les choses et les êtres furent plongés dans un profond sommeil. Seule une fenêtre demeura éclairée, c'était là qu'habitait le sous-lieutenant arrivé la veille de Riazan, grand amateur de bottes, car il en avait déjà commandé quatre paires et avait passé toute la journée à en essayer une cinquième. Il s'était approché plus d'une fois déjà de son lit pour les ôter et se coucher, mais en vain ; il s'asseyait, levait sa jambe et ne pouvait se lasser d'admirer la forme élégante de ses talons.

Ces bottes font penser, par contraste, à un autre personnage fugace mais inoubliable du roman : Pélaguéia, la petite aux jambes noires, qui guide Tchitchikof et sa voiture à travers la campagne aux chemins brouillés par la pluie : une fillette d'une dizaine d'années qui se promenait devant le perron pieds nus ; ses jambes étaient si pleines de boue qu'on aurait pu de loin les prendre pour des bottes.

(trad Marc Séménoff)

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