L'intérieur du pays est un désert, qui est la forêt. Pas de route. Le fleuve est le grand chemin. Sur ses bords, les villages et les cultures (manioc, ignames, maïs ...) dans des champs provisoires, qui retourneront à la forêt. Sur la plage, la lessive et la toilette des femmes, la baignade des enfants. Sur les eaux, les pirogues à moteur pilotée par les hommes. Circulations d'amont et d'aval, et d'une rive à l'autre (il n'y a pas de pont). Car le fleuve sert aussi de frontière. La ligne abstraite (rien de visible) fait naître des trafics bien réels : sont venus des réfugiés et des orpailleurs ; passent dans un sens les voitures volées, dans l'autre les bidons d'essence et les pauvres choses que les étrangères viennent vendre sur les marchés d'ici.