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L'Arrière-Pays

A et B se rencontrent une première fois dans une diligence. Parmi les autres voyageurs : deux jeunes sœurs qui voyagent avec leur père. Peu après A et B se croisent à nouveau dans une auberge de la grande ville. Ils font connaissance ; une amitié naît entre les deux étrangers en habit noir : B est venu s'occuper d'un procès, A sollicite une place.

Un jour de désœuvrement ils décident d'aller au spectacle. Mais A propose de laisser le hasard choisir : ils écriront le nom des cinq théâtres de Vienne sur des papiers pliés qu'ils feront tirer par un valet ; celui-ci se procurera les billets ; ils iront en voiture fermée sans connaître la salle ni le programme. Assis côte à côte dans les premiers rangs de l'orchestre, ils voient avec surprise s'avancer sur la scène l'aînée des deux sœurs de la diligence. A comprend alors qu'il s'agit de l'enfant prodige, de la violoniste virtuose, Theresa Milanollo. Ravi par la musique, il ne se rend compte que fort tard de l'émotion de son compagnon, de ses larmes, de ses sanglots. Après le concert, par délicatesse, il se refuse à l'interroger.

Les démarches des deux amis s'achèvent, et pour tous les deux, par un échec. Avant qu'ils se séparent tristement, A promet de rendre visite à B au Tyrol sur le chemin de ce voyage en Italie qu'il rêve de faire un jour.

Des années passent. Un héritage inespéré permet enfin qu'A réalise son projet. Arrivé à Merano, dans le Tyrol, il apprend que les revers de fortune ont conduit son ami à se retirer plus au sud, sur les bords du Lac de Garde, à Riva ou dans ses environs. Mais là-bas personne ne connaît B. A ne se décourage pas ; il loue une barque et, avec le secret espoir de porter secours à son ami, il explore les rivages du lac. Un jour un jeune pêcheur reconnaît le portrait que trace A et ajoute : que B joue merveilleusement du violon. Il lui montre un sentier qui s'élève dans la montagne. Au fur et à mesure de l'ascension, le paysage se fait plus sauvage et désert. Le soir, suivant le chemin qu'on lui a indiqué, il aperçoit une silhouette dans les derniers rayons du soleil, une jeune fille avec qui il échange quelques mots, mais qu'ébloui il ne peut voir.

Arrivé à ce point de ma (re)lecture (des Deux Sœurs, de Stifter), je m'arrête, et pour paraphraser Yves Bonnefoy, c'est moi qui suis ébloui – par cette vision de l'Arrière-Pays.

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