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Mahler, Chostakovitch

Hier soir au Théâtre des Champs-Elysées. Concert Mahler, Chostakovitch.

D'abord, les Rückert Lieder. J'avoue que des lieder de Mahler, ça fait longtemps que je n'écoute plus que ceux du Compagnon Errant. Mais ce soir je suis sous le charme d'une chanson sans emphase (sauf le fin de Um Mitternacht, mais d'un ton si naïf) où la voix et les instruments parlent la même langue.

Le bonheur, c'est quand elle dit, et l'orchestre avec elle dans le même souffle (et toute la salle frissonne et retient sa respiration) :
          Und ruh' in einem stillen Gebiet

Et, alors, c'est elle, cela, le lieu tranquille, l'autre monde, l'habitation bénie du ciel et des ombrages.

Après, tout pourrait s'arrêter et chacun rentrerait heureux chez lui.

Ensuite, la Huitième Symphonie de Chostakovitch.

Le malheur de cette musique, c'est l'Histoire. L'Histoire avec une grande hache, comme disait l'autre. Il suffit de rappeler qu'elle fut créée à Leningrad Moscou en 1943. Les images affluent. Que ce soient celles de la propagande soviétique, avec au mieux des séquences tirées d'un film d'Eisenstein, assauts de soldat dans la neige, locomotives à vapeur dévorant l'espace (dans le troisième mouvement, on entend les coups de sifflet.) Ou bien la réalité noire, l'envers, tout l'arrière-pays d'esclavage, de famine et de mort.

Mais, bien sûr, la musique n'a pas de sens. Elle n'a pas de mains, elle ne désigne rien ; elle n'a pas de bouche, elle ne dit rien. Et c'est ainsi que je veux l'entendre, et puisque ça se joue encore, j'y retourne ce soir.

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