L'infinito, de Leopardi.
Il est assis dans l’herbe, au sommet d’une colline. Une haie cache toute vue de la terre. Il n’a devant lui que ce feuillage à quelques pas et à l’infini un ciel sans nuages. Il imagine le vide dans l’entre-deux. Manque le paysage, ordonné dans l’éloignement, selon les lois de la perspective. L’univers familier disparaît dans cette lacune, dans l’immensité.
(On pourrait avoir une sensation pareille de vertige dans sa chambre, allongé par terre, levant les yeux vers la fenêtre grande ouverte, qui ne découpe que le ciel. Le cadre vide à contre-jour devient l’orbite plus grande de l’œil. Je ne suis qu’un « pur regard » suspendu dans le vide lumineux. Sauf qu’entre de l’été dehors une grosse mouche).
Il constate alors le bruit du vent dans les feuilles. Il compare ce qu’il entend à ce qu’il voit. Le frémissement tout proche, c’est le présent. L’immensité au-delà, c’est le passé silencieux et sans borne. De même que son corps s’est perdu dans l’infini, sa pensée, le présent, se perd dans l’éternité.