Une ville du Mexique. Une ville de montagne en dehors des circuits les plus fréquentés. La principale attraction, c’est le Parc. Dans le classement du guide elle n'est que d'un intérêt moyen, mais nous voilà quand même partis le long des routes en corniche. Trois devant et deux ou trois derrière, dans notre petite voiture. On s'arrête à la grille rouillée, qui ne ferme plus. Le Parc s’étend à travers la pente, irrégulier, vallonné. Ses limites disparaissent sous les arbres. L’herbe est haute. A moitié séchée, elle est de couleur gris-vert et argent ; elle est parsemée de fleurs blanches ou de fleurs montées en graine. Ce sont de petites balles pleines d'air. Un souffle les défait. Les plumes détachées volent à travers la prairie.
A droite, derrière la balustrade, très en contrebas, il y a un champ de terre battue. Des femmes vêtues de blanc y sont dispersées. C’est une fête. Elles chantent et leur chant monte jusqu’ici. T reconnaît l’air ; il les accompagne ; ses paroles françaises se superposent aux leurs, pendant qu'il s'avance dans l’herbe. Je marche avec lui vers ces hautes baraques de bois à l’abandon.
A gauche, en montant, c’est un chemin creux dans la forêt. Des arbres tombés, déracinés, encombrent le passage. Au-delà je vois basculer la façade d’une grange et les planches s’abattre d’un seul tenant.