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Les descendeurs de Bâle

Le fleuve coule rapide et clair dans la ville. Les Bâlois l'été s'y baignent. Ils en remontent le cours, suivant la promenade, puis vont jusqu'à l'eau et, s'avançant sur la grève, lâchent prise pour que le courant les emporte. Le bref voyage les roule en contrebas des vieilles maisons, dessous la cathédrale rouge et par l'arche des ponts (la descente est interrompue un instant seulement quand ils se raccrochent à la poignée de fer d'un flotteur ancré dans le fleuve ; et, alors, l'eau contrariée autour d'eux se met à bruire). Ils ont serré leurs vêtements dans le baluchon du chemineau, qui flotte avec eux comme une bouée (ils gardent ainsi leur habit au sec, dans une toile imperméable, de façon à poursuivre convenablement, plus loin, leur déambulation terrestre). Quand ils reprennent pied en aval, ils peuvent croire qu'ils ont accompli un modeste saut dans le vide (ce vide que le fleuve conserve dans son élan des à-pic et des cimes dont on devine les contreforts en amont). Mais cette eau c'est le temps aussi, qui prend au ventre et lie les membres (il est impossible en nageant de rebrousser chemin, à contre-courant) ; cet autre flot ne cesse pas quand, remontés sur la rive, les corps lentement sèchent au soleil... On voit passer toute une après-midi les descendeurs du Rhin, nageurs sans effort dans la chaude journée, puis on finit par se joindre à eux.

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