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Liszt, Wagner

Concert salle Pleyel.

("Le Ring sans paroles" : vrai, les coupures et coutures sont navrantes, tout pot-pourri est atroce et tout extrait symphonique amer. Mais ne nions pas le plaisir qu'il y a à feuilleter une fois encore le fameux livre d'images : la déplorable chevauchée des Walkyries ; leurs ricanements font penser aux vers de Hugo :
        Les chevaux de la mort se mettent à hennir
        Et sont joyeux
Les adieux de Wotan ; on se dit que Mahler a dû les refaire quatre ou cinq fois. L'ascension par Siegfried du rocher de Brünnhilde, avec sa brève traversée de la merveilleuse musique du feu (combien extraordinaires apparaissent alors les progrès dans l'orchestration à mesure de la composition du Ring) ; puis le grain des cordes restitue la saveur astringente de l'atmosphère des cimes. L'idylle musicale de Siegfried et Brünnhilde : qu'elle est fugace ! à peine la chose vécue, c'en est déjà la remémoration. Le Rhin roule jusqu'à la cour bréhaigne des Gibichung. Le meurtre de Sigfried dans la clairière détrempée et lugubre. La marche funèbre ; vision renouvelée de celle de l'Eroica, rompue et comprimée, reconfigurée en rampe d'apothéose. Le finale ; mais sans l'immolation de Brünnhilde et les douze heures du drame antécédentes, on s'étonne : ce n'est que cela ?)

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