A la salle Pleyel, une version de concert de Castor et Pollux de Rameau.
Une prochaine fois, ne pas se fier au programme, apporter le livret ; le sur-tritrage est en panne. A certains endroits, le talent des chanteurs et la rime et la pauvreté de la langue classique suffisent ; je ne perds pas un mot des touchantes retrouvailles de Castor et Pollux aux enfers :
O moment de tendresse !
O moments les plus doux !
O mon frère est-ce vous ?
A d'autres, ma compréhension est rudimentaire. Les protagonistes sont souvent relégués sur les bords du spectacle (l'orchestre est au centre du plateau) ; les grands épisodes de musique de danse ou de cérémonie s'imposent et, sans le secours de la mise en scène, sont quelquefois difficiles à fondre dans l'action. Ce n'est pas le cas au troisième acte quand Pollux se tient devant l'Olympe entrouvert qui tente de le séduire et le dissuade de prendre la place de son frère mort. Le récitatif noble de Pollux qui renonce à l'immortalité fait face aux enchantements des Plaisirs ; mais leur séduction paraît lointaine, épurée, comme si la musique traduisait le sentiment du héros qui, en les entendant, sait déjà qu'il ne succombera pas à la tentation. (Dans le même esprit, la joie ternie, le très bel accompagnement voilé des cordes, dans l'air de Castor, rétif à l'apaisement que promet l'éternelle paix des Champs-Elysées.)