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Cinq révélations (en musique)

Incapable de rivaliser avec l'un ou l'autre, je suis néanmoins en mesure de dévoiler ici cinq exploits personnels effectivement peu connus (voire, à juste titre, complètement ignorés) :

- Sans l'avoir réentendue depuis, je peux encore citer les paroles (je ne tiens pas à en fredonner une seconde fois l'air), de je ne sais quelle chanson italienne que notre professeur de musique, en sixième, nous faisait chanter, l'un après l'autre :

Avvezzo a vivere
Senza conforto
In mezzo al porto
Pavento il mar
(bis)

- Je confesse qu'adolescent, j'écoutais en cachette l'album de The Cure, Pornography (ne me demandez pas pourquoi). Je dérobais la cassette dans la chambre de mon frère ; je la jouais au casque avant de la remettre très exactement à sa place ; je prenais toujours soin de rembobiner la bande au point intermédiaire où je l'avais trouvée (précaution inutile, puisque j'étais manifestement le seul à m'y intéresser).

- Je crois bien qu'à l'internat, deux années durant, j'ai écouté presque tous les soirs avant de m'endormir, chaque fois que c'était possible, le dernier mouvement du Chant de la Terre.

- J'ai eu une fois un accident de voiture, tout seul, en ratant un virage. Au moment du choc (qui l'arrêta), l'autoradio jouait l'opéra de Frank Martin, le Vin herbé. J'avais lu l'année précédente deux ou trois lignes à propos d'une production de cette oeuvre dont je ne savais rien ; quelques jours après, j'étais tombé par hasard sur une diffusion du spectacle à la radio et j'avais eu l'inspiration inhabituelle de l'enregistrer. J'ai gardé quelque temps l'enregistrement incomplet. Je l'ai récupéré dans l'épave de la  voiture et puis je l'ai oublié l'année suivante dans une chambre d'hôtel, à Melbourne. J'ai trouvé depuis une autre version de l'opéra, au disque, que j'écoute encore régulièrement.

- Je ne me suis jamais vanté d'avoir pleuré à chaudes larmes pendant quasiment tout le temps qu'a joué l'orchestre dirigé par Bernard Haitink dans la Huitième Symphonie de Chostakovitch, un soir (la seconde fois), au Théâtre des Champs-Elysées.

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