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Vu de côté

Le trésor de la Cathédrale d'Aix-la-Chapelle conserve une croix de grande valeur datant du Xème siècle. La face la plus riche est sertie de pierres précieuses travaillées en cabochons ; au centre une sardoine délicatement taillée est une oeuvre antique et représente le profil lauré de l'empereur Auguste. Au revers un Christ en Croix d'une élégante simplicité est gravé dans le métal ; au sommet, la main de Dieu tend, par-dessus la Colombe trinitaire, une couronne de lauriers vers la tête nue du supplicié.

Le petit guide obligeamment remis à l'entrée du musée explique cette conjonction inhabituelle entre le couronnement du Fils et celui de César : le donateur Otton III se considérait dans la tradition des souverains romains et comme empereur choisi par Dieu et comme représentant du Christ sur terre.

La même notice attire l'attention sur un autre détail qui risquerait de passer inaperçu. Elle invite à se placer de côté et à considérer par la tranche la sertissure des pierres. Les fils d'or dessinent de fines boucles qui entourent régulièrement les cabochons : vus sous cet angle, ils forment comme les arcades d'un temple surmonté d'un dôme éclatant et coloré. Chaque pierre entourée de son chaton figurerait ainsi un édifice grandiose de la Jérusalem céleste (les perles disposées par trois au bout des bras seraient les douze portes vues par Jean).

(Regarder de côté : le même conseil est donné aux visiteurs de la National Gallery devant les Ambassadeurs de Holbein ; mais, au lieu de la précieuse maquette d'une vision béatifique, ils voient apparaître un crâne).

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