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Stifter

Souvenir d'un autre été :

Ce n'est pas la première fois que tu écris ceci. Aujourd'hui tu devais prendre l'avion. C'est le matin, l'été. La rue est déserte. Les arbres pleins de feuilles sont éclairés de côté et la lumière vient de derrière toi. Mais le hasard ou la mauvaise volonté font que tu ne pars pas. Tu rentres bredouille. Après un bref voyage tu aurais dû passer la journée dans cette autre ville au bord de l'eau. Les souvenirs d'autres fois vont t'accompagner toutes ces heures comme auraient pu être celles de cette journée ailleurs. Tu n'attendais rien d'imprévu.

Chaque moment est doublé d'un autre moment là-bas. Il y a les accents d'une langue étrangère dans les rares paroles qu'on veut bien te dire. Il y a les reflets d'une autre rive avec le soleil dans les eaux du fleuve.

Le temps change dans l'après-midi, il pleut. Mais avant la nuit, le ciel se rouvre. Le soleil ternit les lampes déjà allumées dans les appartements ; puis le second jour vire lui aussi au noir.

Dans chacune de ces pauvres phrases on pourrait retrouver une phrase déjà écrite, peut-être, ou déjà lue. C'est dans un roman de Stifter. A la fin de la vie vient un bref moment où avant que l'obscurité l'emporte il semble que l'été renaisse. Dans ce temps le désir et le présent sont réconciliés, les échecs de tout un passé s'effacent, les lointains et notre demeure ne font qu'un.

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