Thésée de Lully, au Théâtre des Champs-Elysées.
La pièce est aussi variée que Cadmus et Hermione, vu il y a quelques jours, mêlant les scènes nobles, les interventions de personnages comiques, les ballets et les divertissements ; mais, cette fois, la part dramatique prend une toute autre profondeur grâce à la présence monstrueuse de Médée. D'un côté elle tient à la sorcière de la fable mais, de l'autre, elle fait penser au Néron de Britannicus (dans ce registre, sans doute, la musique peine à la suivre). Les tortures qu'elle inflige sont pour partie mentales et ce sont les plus fortes. Théâtre mis en abyme : elle s'offre pour plaisir le spectacle de la souffrance qu'elle cause (Quelle douceur de voir souffrir ! chantent les habitants des enfers). Après avoir dû subir, en silence, le désaveu de Thésée (le cri le plus violent est le cri qu'on ravale), elle oblige Aeglé à renier celui-ci, assistant en coulisse au désarroi des deux amants.